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Les Situations Sanitaires Exceptionnelles (SSE) sont des événements pouvant entrainer de nombreuses victimes, et sont de plus en plus fréquentes dans notre actualité (attentat, accidents, événements climatiques etc..). Pour y faire face, l’Etat a confié aux établissements siège de SAMU des moyens tactiques projetables, les Postes Sanitaires Mobiles (PSM). Ils sont constitués de produits de santé, de matériel médico-chirurgical et matériel biomédical. Leur composition est standardisée permettant l’interopérabilité sur le territoire national. Le pharmacien référent SSE de l’établissement est co-responsable des stocks du PSM avec les équipes SMUR, il s’assure qu’ils soient opérationnels. A Montpellier, le pharmacien référent SSE accompagne les équipes SAMU sur le lieu de la catastrophe avec le lot PSM engagé, afin d’assurer au plus près du terrain, une gestion du stock et la gestion des renforts. Cette organisation se développe dans de nombreux établissements et montre l’importance d’avoir une équipe pharmaceutique en soutien aux équipes soignantes sur le terrain.

Lors de la crise au Proche-Orient fin 2023, il a été ordonné au Service de santé des armées (SSA) d’être en mesure d’armer une Capacité Médico-chirurgicale Augmentée sur le Porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude sur un très court préavis. L’objectif était de participer à une mission d’aide humanitaire au profit des populations civiles de Gaza et répondre aux besoins non couverts au Nord Sinaï (pédiatrie, orthopédie, soins aux grands brûlés, ophtalmologie). Il est alors devenu impératif de mettre en place une chaîne logistique opérationnelle pour un approvisionnement continu en produits de santé et matériels.

Avec le chargement de plus de vingt-quatre tonnes d’unité médicales opérationnelles (UMO) militaires et cinq tonnes de fret humanitaire mis à disposition par Santé publique France, cette première dotation avait pour but d’armer la capacité médico-chirurgicale et permettre initialement la prise en charge de quarante patients avec une autonomie d’une semaine. Malgré l’insertion du PHA Dixmude dans le dispositif de santé local, il est vite apparu une inadéquation entre les besoins et les moyens disponibles à bord entrainant de fortes tensions d’approvisionnement. La typologie des patients (âges, pathologie chronique, flux discontinue et parfois massif), la durée d’hospitalisation (plus d’un mois pour certains), la prise en charge à distance du traumatisme initial (hors damage control) avec de multiples infections, des marqueurs de dénutrition, et des moyens diagnostics limités, ont nécessité une réévaluation immédiate et individuelle pour chaque entrée.

Afin de répondre aux demandes de ravitaillement, une boucle logistique hebdomadaire s’est déployée depuis la métropole, avec au total plus de vingt tonnes de fret médical réceptionnées : matériels médicaux, dispositifs médicaux pédiatriques, produits sanguins labiles, nutrition parentérale et antibiotiques de derniers recours. Une diversification des sources d’approvisionnement a été indispensable pour les articles hors périmètres SSA comme la pédiatrie et les molécules onéreuses réservées à l’usage hospitalier (hôpitaux militaires, MSP avec les hôpitaux civils parisiens, SPF, MEAE, APHP …). Les défis pharmaceutiques étaient donc multiples, car en plus de la gestion des stocks et des approvisionnements, de nombreuses contraintes liées à cet environnement cloisonné devaient être maitrisées (gestion de l’hygiène, élimination notamment des DASRI, conditions de conservation des produits de santé…).

Cette mission inédite a permis de mettre en lumière la réactivité du SSA à déployer rapidement un groupement médico-chirurgical (le premier depuis l’Afghanistan) afin de répondre à l’actualité internationale. Son fonctionnement soutenu pendant deux mois dans un environnement atypique, permet un retour d’expérience riche sur les difficultés organisationnelles et l’identification plus précoce des besoins face à une typologie de patient inhabituelle dans les armées françaises. La réussite de ce déploiement a été permise également grâce à des actions interarmées, à un renfort interministériel en matériels et en ressources humaines, et un partenariat international.